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Le projet UNITAE ‘ What Neurosciences in the Anthropocene era’ donne ses premiers résultats!

Amélie Conrad, étudiante en Master à NeuroMarseille - INS/Université de Cologne, partage les résultats de son étude sur le projet Unitae "Biais cognitifs et crise climatique" sous la tutelle de Daniele Schön, une interdisciplinarité AMIDEX/ NeuroMarseille qui porte ses fruits. Découvrez son retour d'expérience!

Genèse et cadre du projet UNITAE, qui y participe?

Une des premières actions structurante proposée par l’institut NeuroMarseille a été la création du groupe NeuroGreen. Quelques actions ont été lancées jusqu’à ce qu’Amidex lance l’appel Interdisciplinarité. Pour y répondre, le groupe s’est étoffé et structuré: les 9 Laboratoires de l’Institut NeuroMarseille se sont réunis autour du projet UNITAE (What Neurosciences In The Anthropocene Era).

Le projet lauréat de l’appel d’offre est financé à hauteur de 100 000€. Il vise à :

  1. Définir les questions neuroscientifiques pertinentes pour comprendre la crise climatique actuelle et suggérer de nouvelles orientations.
  2. Structurer une série de réunions interdisciplinaires afin de préciser le rôle des neurosciences à l’ère de l’Anthropocène.
  3. Intégrer une vision sociologique et engager une discussion sur l’avenir de la communauté des neurosciences face à la crise climatique.
  4. Améliorer les pratiques de recherche en neurosciences en matière d’environnement.

Le rôle essentiel des neurosciences dans la lutte contre les catastrophes environnementales

Depuis quelques années, nous assistons à une augmentation spectaculaire des initiatives de la communauté scientifique pour mettre en garde contre les catastrophes environnementales. Les neurosciences peuvent contribuer activement à une meilleure compréhension à la fois des processus qui ont conduit notre société à devenir ce qu'elle est, et des processus psychologiques et neurophysiologiques permettant un changement des habitudes. En outre, les neuroscientifiques doivent examiner attentivement comment s'adapter à la crise climatique, en termes de sujets de recherche, de pratiques de recherche et de programmes d’enseignement.

Qu'est-ce qu'un biais cognitif ?

Un biais cognitif se réfère à une structure de pensée qui peut être trompeuse et qui semble logique à tort. Ce mode de pensée permet à une personne de juger ou de prendre rapidement une décision. Les biais cognitifs ont un impact sur nos choix, surtout lorsque nous sommes confrontés à une grande quantité d'informations ou que nous disposons de peu de temps pour décider. Cela peut entraîner un dysfonctionnement dans notre raisonnement.

Notre cerveau n'est-il vraiment pas "câblé" pour la durabilité ? Un examen plus approfondi de la conceptualisation des biais cognitifs dans la littérature scientifique sur la crise climatique.

    Amélie Conrad Tout d’abord félicitations pour la réalisation de votre stage. Pouvez-vous, vous présenter? Votre parcours?

    Je m'appelle Amélie Conrad et je viens de Cologne, en Allemagne. J'étudie la psychologie et je suis en train de terminer mon master. J'ai fait ce stage de recherche comme un stage volontaire en plus de mes études parce que le projet m'intéressait vraiment. Après cela, je retourne en Allemagne pour terminer mon master et devenir thérapeute.

    Comment avez-vous trouvé votre stage?

    Je l'ai trouvé en ligne sur le site de NeuroMarseille. Comme je travaillais en neuropsychologie à Cologne, j'avais une collègue qui connaissait votre Institut. Elle m'a dit qu'ils acceptaient des étudiants étrangers, j'ai donc jeté un coup d'œil sur le site web. Puis il y a eu cette annonce qu'ils cherchaient des gens pour faire un stage dans ce projet communautaire.

      Comment en êtes-vous arrivée à travailler sur ce sujet?

      Ce fut en fait un voyage assez long. La question fondamentale du projet était la suivante : quel est le rôle des neurosciences dans l'Anthropocène, où les humains ont réellement influencé le cours du développement de la planète ? Que peut-on faire dans le domaine des neurosciences ? Quelles questions peut-on poser ? Comment cette discipline peut-elle être utile ? C'est une grande question. J'ai eu beaucoup d'idées: nous avons envisagé de réaliser une étude avec des participants et j'ai écrit quatre propositions de recherche avant d'en arriver à celle-ci.
      L'idée de ce projet est née de notre intérêt pour le livre, "Le Monde sans fin, miracle énergétique et dérive climatique". Cette bande dessinée, best-seller de 2022 avec 514 000 exemplaires écoulés, explore avec humour et clarté pédagogique les mécanismes d’un monde en contraction énergétique et présente comment décarboner en douceur les activités humaines —" Et si l’écologie n’était pas une affaire de morale, mais une question de lois physiques ?"
      Nous avons eu beaucoup de discussions à ce sujet. Il y a eu des ateliers de lecture, à l’Atecopol, L’Atelier d’Ecologie Politique d’Aix-Marseille.

      Quels sont les points majeurs qui ressortent du sujet d'étude?

      Je dirais que cela dépend vraiment de l'interprétation. Si on ne prend que la vision optimiste, nous voyons que la science adopte un point de vue évolutionniste concernant les biais cognitifs et donc que la population va prendre conscience des enjeux. Si l'interprétation est pessimiste, voire extrémiste, on peut ne voir que notre incapacité cognitive à faire face à la crise climatique. Evidemment, c'est un peu plus nuancé que cela, ce qui est déjà une bonne chose! Il aurait été choquant, pour moi en tout cas, de voir que dans la littérature scientifique, on adopte une position aussi extrême que celle développée par le livre "Le monde sans fin". Je pense qu'il s'agit d'un domaine dans lequel les scientifiques peuvent réellement ouvrir leurs horizons car c'est ce à quoi nous sommes formés, n'est-ce pas ?

      Qu’est ce que cela implique sur le développement de l’étude?

      Nous avons examiné la littérature scientifique et nous avons pris le succès du livre comme point de départ. Il serait intéressant de comparer la littérature scientifique à la littérature profane. Quelle est la perspective adoptée concernant les préjugés cognitifs dans la littérature profane, dans les livres, dans les articles de journaux, peut-être aussi dans les médias sociaux ? Il y a certainement des questions intéressantes à poser. Mais aussi d'explorer un peu plus le pourquoi, pourquoi certains auteurs adoptent certaines perspectives et comment ils diraient que les implications de leur raisonnement sont.

      Quels sont les plans de tes tuteurs à la suite de ton étude?

      Ils envisagent d'effectuer un autre stage sur le sujet avec un peu plus de moyens, car j'ai pris un échantillon aléatoire de 50 articles parmi les articles éligibles, parce que cette analyse a pris beaucoup de temps. Il serait également bon qu'une autre personne procède à l'analyse afin que nous puissions calculer la fiabilité inter-écrivains de mes résultats. Nous travaillons à la publication de l'article que nous avons écrit. Le prochain stage qui pourrait succéder à celui-ci est toujours en cours.

      En conclusion, l’expérience de stage de Master d’Amélie Conrad nous rappelle l’importance cruciale de l’interdisciplinarité dans la recherche sur la crise climatique. Les biais cognitifs sont des obstacles significatifs à la durabilité, combinée aux neurosciences (cognition, développement, science du langage). Cela peut contribuer à comprendre et à changer ces schémas de pensée. De plus, cette expérience nous incite à réfléchir sur les futures opportunités de stages et de recherches interdisciplinaires pour continuer à faire progresser notre compréhension et notre action face aux défis environnementaux. L’appel d’offre AMIDEX/NeuroMarseille Interdisciplinarité se révèle être un catalyseur précieux pour l’exploration de ces thèmes cruciaux, et nous avons hâte de voir les résultats futurs de ces collaborations innovantes.

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