Green*tips
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Green*tips à l'INT : partager les bonnes pratiques de laboratoire en termes de développement durable

NeuroMarseille s'engage à promouvoir le développement durable et les pratiques écologiques dans son réseau de laboratoires. Dans cette optique, le groupe de travail NeuroGreen a été créé pour faire un état des lieux, chercher à mutualiser les activités et partager les bonnes pratiques. Dans cet article, découvrez les actions de l'Institut de Neurosciences de la Timone (INT) !

Temps de lecture estimé : 6 min

L’Institut des Neurosciences de la Timone (INT) dispose aussi de son groupe dédié au développement durable et à l’écologie. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux démarches mises en place par le référent du groupe, Julien Lefevre, pour promouvoir les comportements éco-responsables au sein du laboratoire. Comme nous l’avons vu dans nos précédents Green*tips, le personnel du laboratoire est généralement ouvert aux initiatives écologiques telles que le recyclage ou le vélo, mais ce qui va nous intéresser aujourd’hui, ce sont 3 thèmes qui ont trouvé un écho particulier dans l’esprit de Julien : l’impact spécifique des neurosciences sur le climat, la réflexion induite par les considérations écologiques actuelles et la mobilité écologique au sens général.

Quel est l'impact de nos activités neuroscientifiques sur le climat ?

Cette question peut nous amener à réfléchir sur des aspects concrets de la vie quotidienne. Mais, en déroulant le fil, la prise de conscience nous fait aussi prendre conscience des contraintes et des difficultés qui découlent d’un changement de comportement.

Après s’être engagé dans des actions environnementales éparses, Julien Lefevre, chercheur en neurosciences computationnelles à l’INT, s’est tourné vers l’impact climatique de son laboratoire pour cibler son action. Son intérêt pour l’empreinte carbone des activités numériques liées à sa fonction l’a conduit à monter avec un collègue un projet intitulé « Quelles neurosciences dans l’Anthropocène ? » en réponse à un appel à projets Amidex-NeuroMarseille.

L’étude portera sur les aspects constitutifs de la recherche, comme la justification de ses besoins en ressources et en énergie. Faut-il restreindre d’une manière ou d’une autre l’activité des scientifiques ? Selon un arbitrage positif/négatif, les avancées en matière de santé constituent un progrès, mais l’utilisation de l’intelligence artificielle est plus discutable dans le domaine militaire ou commercial, par exemple. Sur le plan des neurosciences cognitives, l’étude porte sur la difficulté à comprendre le phénomène de changement climatique, son rejet ou son déni, ainsi que sur la difficulté individuelle à changer de comportement. Sur le plan épidémiologique, le projet aborde le nouveau problème de l’éco-anxiété, un type d’anxiété spécifique.

Lectures et réflexions

The difficulties posed by the change in behaviour raise questions: how to accept them, integrate them, or even reverse them?

By accepting to change one’s approach to ecology, one opens up to other attitudes to the world, time, and to relationships.
Certain readings, Julien tells us, provide keys. « L’impératif de la sobriété numérique » (Fabrice Flipo, philosopher of politics and science and technology) explains why we should change our relationship with the digital world since it has become a widespread part of our way of life. The behavioural blocks on climate awareness are due to psychological, neuronal, and anthropological causes, we learn from Thierry Ripoll, author of the book « Why do we destroy the planet ? » and professor at the LPC – AMU.
Finally, the solutions involving less consumption, lead to more organization among people, hence the importance of promoting « conviviality », one of the central themes of the philosopher and author Ivan Illich.

 

Les difficultés posées par le changement de comportement soulèvent des questions : comment les accepter, les intégrer, voire les inverser ?

En acceptant de changer son approche de l’écologie, on s’ouvre à d’autres attitudes face au monde, au temps, aux relations.
Certaines lectures, nous dit Julien, donnent des clés. « L’impératif de la sobriété numérique » (Fabrice Flipo, philosophe de la politique et des sciences et techniques) explique pourquoi il faut changer notre rapport au monde numérique depuis qu’il s’est généralisé dans notre mode de vie. Autre sujet: les blocages comportementaux sur la conscience climatique sont dus à des causes psychologiques, neuronales et anthropologiques, nous apprend Thierry Ripoll, auteur du livre « Pourquoi détruisons-nous la planète ? » et professeur au LPC à AMU.
Enfin, les solutions impliquant moins de consommation, conduisent à plus d’organisation entre les personnes, d’où l’importance de promouvoir la « convivialité », un des thèmes centraux du philosophe et auteur Ivan Illich.

Mobilité écologique

Les changements ont du sens lorsqu’il s’agit de calculer les émissions de CO2 dans les laboratoires. A l’INT, le bilan GES a été fait en 2019 (achats, laboratoire, mobilité). A l’automne 2021, une réduction de 30% des émissions a été faite sur les déplacements en avion au niveau de l’ensemble des laboratoires par rapport à 2019. Parmi les approches flexibles envisagées pour réduire les émissions, la mobilité est celle qui fait le plus consensus. Dans cette optique, Julien est à l’origine d’une initiative originale pour se rendre à la prochaine réunion internationale de l’OHBM organisée à Glasgow, au Royaume-Uni : prendre le train, plus précisément, le Neuropoudlard Train ! Eh oui, le voyage en avion est 45 fois plus polluant que le TGV selon l’Ademe. Il y a donc un bénéfice écologique net.
L’autre facette de ce voyage est d’inverser les contraintes perçues par ce mode de transport alternatif. Le temps de trajet est plus long qu’avec l’avion (3 heures au lieu d’une dizaine), mais c’est un temps qui peut être utilisé pour travailler sereinement. Notre rapport moderne au temps est  » minuté  » : nous avons tendance à travailler dans l’urgence, de plus en plus vite. Cette attitude est une contrainte, qui peut être inversée en changeant notre rapport au temps. L’autre avantage de ce voyage en train est la convivialité : la proposition s’adresse à tous les membres de NeuroMarseille. Un voyage de dix heures permet de privilégier les relations entre les personnes et d’approfondir les discussions. C’est aussi l’occasion d’une aventure collective, une autre relation qui ouvre le cadre opérationnel du monde professionnel.

« Transmettre des valeurs positives est une méthode pour inciter les gens à changer leur comportement« , explique Julien, et il n’est pas le seul à proposer des initiatives sur la mobilité écologique. Du groupe « flightlessprofessors« , Christopher Summerfield est un exemple sérieux-amusant de la sensibilisation de l’université au sujet. A l’OHBM, un groupe a également été créé pour inciter les participants à mesurer leur empreinte écologique et leur fournir des ressources pour cela.

Plus localement et de manière générale, des solutions de transport écologiques et durables sont étudiées à Aix-Marseille Université : un test de covoiturage communautaire a été lancé début avril et devrait aboutir à la régularisation de cette pratique à l’université. La ville de Marseille fait également l’actualité dans ce domaine, en participant à l’appel de la Commission européenne « 100 villes climatiquement neutres d’ici 2030 », en mettant en avant différents points, dont la mobilité écologique.

De plus en plus, les initiatives écologiques se démocratisent à l’échelle citoyenne mais aussi au niveau scientifique et universitaire. Différentes structures existent à Marseille et sur le territoire, comme les associations dont nous avons parlé dans le dernier Green*tips avec Louise Greetham. Notamment, dans le domaine de la recherche, l’initiative Atecopol, dont Julien est également membre, favorise les interactions entre science et citoyens et les réflexions sur les activités scientifiques.

Comme d’habitude, nous rappelons que NeuroMarseille et ses laboratoires ont la volonté de s’impliquer dans le changement des comportements face aux enjeux climatiques. Avec son nouveau format, Green’tips propose de diffuser des informations sur ce qui se fait, ce qui peut se faire et de sensibiliser la communauté des neurosciences. Revenez bientôt pour un nouvel article sur les bonnes pratiques dans les laboratoires ! Pour rejoindre le groupe de réflexion NeuroGreen, écrivez directement à gabrielle.gallon@univ-amu.fr.

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