Emmanuel Nivet (Diplômé en 2004)

    Emmanuel Nivet

    Votre parcours après le master ?

    Suite à l’obtention de mon master, en 2004, j’ai obtenu une bourse d’étude doctorale du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche afin de poursuivre un doctorat en Neurosciences au sein du laboratoire de Neurobiologie Intégrative et Adaptative (NIA, CNRS - UMR 6149), sous la direction du Prof. François Roman. Mes travaux ont principalement porté sur l’étude de cellules souches humaines adultes, et leur utilisation dans un cadre de thérapie cellulaire. J’ai soutenu ma thèse en décembre 2008.

    En parallèle de mon doctorat, j’ai également poursuivi des activités d’enseignement au sein de l’Université d’Aix Marseille (ex-Université de Provence), dans le cadre d’un contrat de monitorat de 3 ans. Ces activités d’enseignement étaient accompagnées d’une formation auprès du centre d’initiation à l’enseignement supérieur (CIES - Provence, Côte d’Azur, Corse).

    En 2009, j’ai rejoint le Salk Institute for Biological Studies (San Diego, US) et le laboratoire du Dr Juan Carlos Izpisua Belmonte pour un stage postdoctoral de plus de 4 années. Cette expérience m’a permis de me former sur les approches nouvelles de reprogrammation cellulaire et de mettre à profit ces approches pour développer divers projets abordant un spectre large de thématiques de la biologie.

    En 2014, j’ai obtenu une bourse de la Fondation Plan Alzheimer pour rejoindre le laboratoire de Neurobiologie des Interactions Cellulaires et Neurophysiopathologie (NICN, Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7259), dirigé par le Dr Michel Khrestchatisky.

    En 2015, j’ai été admis aux concours de « chargé de recherche de première classe (CR1) » de l’INSERM (section CSS8) et du CNRS (section 28), avant de choisir de m’engager auprès du CNRS. Ainsi, depuis le 1er octobre 2015, j’ai pris mes fonctions de CR1 - CNRS pour poursuivre mes activités de recherche au sein du laboratoire NICN.

    En quoi consistent vos missions?

    Actuellement, mes activités de recherche s’intéressent essentiellement à la mise en place de plateformes de modélisation de maladies humaines in cellulo, à l’aide des approches dites « de reprogrammation cellulaire », pour étudier les mécanismes physiopathologiques de pathologies du système nerveux central. Mes études s’intéressent aussi bien à l’impact de la génétique qu’aux effets du microenvironnement cellulaire sur le développement/la progression de maladies neurodégénératives. Les plateformes cellulaires que je développe ont pour autre objectif de servir à l’identification de nouvelles cibles et/ou molécules thérapeutiques. Ma mission de recherche est donc essentiellement de développer une recherche translationnelle.

    Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?

    L’activité de chercheur est quotidiennement stimulante d’un point de vue intellectuel, marquée du sceau de la diversité des tâches qu’elle implique : expérimentations de laboratoire, management de projets, gestion de personnel, travail d’écriture (articles scientifiques, recherche de financements, rapports d’avancements de projets), présentations de travaux scientifiques. Cette multiplicité dans les tâches qui m’incombe contribue grandement à l’absence de routine, rendant chacune de mes journées aussi bien uniques que souvent inattendues.

    Par ailleurs, il me faut sans cesse me remettre en question et me renouveler pour essayer de rester compétitif dans mon domaine de recherche.

    De plus, que ce soit au travers de mes lectures sur les travaux scientifiques d’autres laboratoires ou bien au gré de mes rencontres/discussions avec d’autres scientifiques, mon travail est une source infinie de nouvelles connaissances.

    Globalement, et bien que je considère ma profession comme très sérieuse, j’ai personnellement le plaisir d’aborder la science de façon « ludique ». En effet, mettre en œuvre les méthodes (voire les développer) pour répondre aux questions que je me pose/qui m’intéressent, peut s’apparenter à la recherche progressive d’indices pour valider (ou pas) des hypothèses de travail.

    Si l’on ajoute à cela la « relative » liberté qui nous est accordée dans le choix des questions auxquelles l’on souhaite répondre, je trouve dans mon activité quotidienne tous les ingrédients qui font que je m’épanouis pleinement dans mon travail.

    Quelles sont ses contraintes?

    Bien entendu, mon activité s’accompagne aussi d’un certain nombre de contraintes qui sont souvent génératrices de stress/fatigue.

    En premier lieu, il me faut mentionner le fait que mes semaines de travail sont fréquemment jalonnées de « deadlines », faisant que mes journées de travail s’apparentent souvent à une course contre le temps. Ces contraintes temporelles combinées à mes multiples obligations font que mon activité est très largement chronophage. Si l’on ajoute à cela le fait que mes recherches impliquent une activité de laboratoire le weekend, il est notable que j’ai peu de temps libre à consacrer pour ma vie « privée ».

    Outre la contrainte temporelle, je citerai la contrainte économique liée à mon activité. En effet, mes activités de recherche sont coûteuses et nécessitent un fort investissement personnel dans la recherche de financements pour développer mes projets, réduisant considérablement mon implication dans l’activité de recherche stricto sensu ; pour laquelle je repose donc essentiellement sur mon groupe de travail constitué de personnels compétents non-statutaires que je dois financer par des contrats de travail. Ce mode de fonctionnement fait que mon activité fonctionne sur un équilibre instable, générateur de stress, largement dépendant de ma capacité à soulever des fonds et être scientifiquement performant pour poursuivre dans la direction que je me fixe et assouvir mes ambitions professionnelles.

    Propos recueillis en mai 2016

    LES PLUS :

    De toute évidence, le master de neurosciences était pour moi une étape obligatoire pour pouvoir intégrer un doctorat par la suite, mais surtout pour avoir un premier ressenti sur ma volonté de poursuivre (ou pas) dans une activité de recherche en laboratoire. Le DEA (ancien nom du master) de neurosciences m’a offert ma première véritable immersion dans un laboratoire de recherche, et c’est le point essentiel que je retiendrai de cette formation.

    Par la suite, j’ai bénéficié d’une confiance totale de mon directeur de thèse, lequel m’a offert une large liberté et autonomie pour mener mon doctorat. Ce mode de direction m’a permis d’appréhender le métier de chercheur dans sa globalité :

    • la recherche de financements ;
    • le développement d’un projet d’un point de vue conceptuel et sa mise en œuvre d’un point de vue pratique, y compris la recherche de collaborateurs ;
    • l’écriture d’articles scientifiques.

    Ainsi, mon parcours m’a permis d’acquérir des compétences largement utiles lors de mon postdoctorat pour me distinguer dans un environnement ultracompétitif, où l’autonomie complète était indispensable. C’est donc aussi grâce à une certaine approche autodidacte de la recherche, bien que guidée, que j’ai appris à gérer les échecs et trouver des solutions aux problèmes qui construisent le parcours d’un chercheur. Le tout m’a amené à construire mon propre parcours, avec mon identité scientifique, ce qui a certainement contribué à mon recrutement comme chercheur.

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